Emmanuel Macron appelle à un débat éthique en santé numérique
05 oct. 2015 - 17:11,
Actualité
- DSIH, DLPour Emmanuel Macron, on ne peut pas négliger que les transformations actuelles impactent en premier lieu la relation entre le médecin et son patient, le colloque singulier. « Le patient est de plus acteur. » Mais c’est sur le champ de l’accès à la donnée et du transfert du pouvoir aux logiciels - et à leurs développeurs - qu’il souhaite avant tout attirer l’attention. Extraits de son intervention, qui fait écho aux travaux du Conseil national du numérique (2).
« Est-ce que le logiciel va juger, va prendre des décisions qui étaient celles du médecin ? Je crois qu’il faut que l’on commence à se poser ces questions, collectivement. On ne peut pas considérer que ce qui relève du jugement du médecin peut être modélisé parfaitement dans un logiciel ».
La question de l’accès à la donnée. Elle pose d’ores et déjà un dilemme : « si l’on ouvre toutes les données, on améliore sans doute notre capacité à prévenir, à soigner, à innover ; en même temps, cela atteint l’individu dans son intimité, et on crée des innovations qui, en hyper-individualisant le suivi du risque, vont venir fracturer la socialisation de son financement. C’est un sujet à la fois éthique et financier. On a aujourd’hui tous les instruments pour individualiser le risque et donc sélectionner le bon risque du mauvais ». « Déchirer le voile d’ignorance sur cette matière est un vrai problème, car cela va peut-être contribuer à déchirer les éléments de la solidarité. »
Capture de la valeur et préférences collectives. « Est-ce que les mécanismes mêmes de l’intelligence artificielle […] nous conduisent à ce que les choix éthiques soient transférés à celles et ceux qui feront les logiciels ? C’est ce qui me perturbe le plus. La réflexion éthique, on doit la conduire dès maintenant. C’est maintenant qu’il faut que l’on s’organise et que l’on arrive à appréhender conceptuellement, philosophiquement, le changement. Il ne s’agit pas de faire une loi mais de savoir comment, collectivement, on s’organise. On doit se poser la question de savoir quelles sont les préférences collectives que nous voulons assigner à cette transformation numérique. Ce n’est pas celles et ceux qui font des logiciels géniaux qui sont en situation de définir, dans leur coin, parce qu’ils capturent de la valeur à un moment donné, nos préférences collectives en matière d’éthique médicale ou de système politique. C’est un débat ouvert que nous devons avoir, il existe aujourd’hui insuffisamment ».
(2) /article/1533/le-numerique-en-sante-souleve-des-questions-societales-et-ethiques-graves.html
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