VNA : quand les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) associent pertinence, agilité et précision horlogère !

09 fév. 2021 - 13:46,

Actualité

- DSIH
L’organisation de nos voisins helvétiques n’est pas une légende. Un atout qui aura permis  aux HUG de mener en 4 mois, en pleine crise sanitaire, un AO pour la mise en place d’une VNA (Vendor Neutral Archive) destinée à remplacer en septembre 2021 leur archive PACS actuel (250 To) tout en posant les bases pour le déploiement de nouveaux usages cliniques en lien avec le dossier patient de l’institution.

A l’heure où en France, nous assistons au référencement de solutions VNA par les centrales d’achat hospitalières, il nous a paru pertinent de nous intéresser aux conditions du succès de ce type de projet, de la consultation au déploiement d’un socle technologique. 

Au cœur du dispositif de l’hôpital, Nicolas Roduit. Ce docteur en informatique, depuis 13 ans aux HUG, s’est spécialisé dans l’Imagerie, non sans faire quelques incursions dans la télémédecine et avoir développé des logiciels libres. 

DSIH : Comment mène-t-on un tel projet dans un établissement de 2000 lits, couvrant la majeure partie des spécialités médicales et doté de …. 9 IRM et 11 scanners ? 

Nicolas Roduit : D’abord en composant un groupe projet couvrant l’ensemble des compétences requises, aussi bien la DSI que les représentants des services médicaux concernés, la direction médicale de l’établissement et l’archiviste en chef. Ce groupe est dirigé par un comité de pilotage, composé des responsables de départements, qui assure les décisions stratégiques.

En cartographiant précisément l’existant dans plus 10 services producteurs et consommateurs, notamment les systèmes d’acquisition, les visionneuses utilisées, le processus de production des rapports et le cycle de vie des documents. 

Ensuite en définissant par consensus, l’existant, le périmètre (impératif, nécessaire, souhaitable) et le calendrier de mise en œuvre cible. 

Enfin en se faisant assister par un consultant spécialisé. 

Nous avons séparé la consultation en 3 appels d’offres distincts : un premier pour l’applicatif VNA, qui nous intéresse aujourd’hui, un second sur les solutions de stockage SDS, et un dernier sur le hardware. 


Activités concernées : l’imagerie médicale, la médecine nucléaire, la cardiologie, l’ophtalmologie, la gynéco-obstétrique, l’orthopédie, le laboratoire de science du mouvement, la neurochirurgie, l’anatomopathologie, la dermatologie.  La VNA couvre donc les fichiers multimédias, c’est à dire toute l’imagerie, Dicom et non Dicom, et les ECG. 

Les examens sont stockés au format Dicom ou dans des formats propriétaires, l’ensemble étant indexé dans un registre XDS. Dans un 2ème temps, la VNA intègrera également les documents produits dans le DPI. 

Il s’agit d’une VNA volontairement orientée sur la clinique, même si des passerelles avec la recherche ont été prévues. 


DSIH : Comment avez-vous définis précisément le périmètre de votre cahier des charges

NR : L’équipe en charge du  projet aux HUG a dû s’accorder au préalable sur six principaux domaines fonctionnels et techniques.

Il s’agissait là, d’une étape incontournable dans la mise en œuvre d’un projet nécessitant l’adhésion des parties prenantes en interne.

S’agissant des quatre domaines fonctionnels : 

  • Pilotage de la solution : audit et monitoring, Interface utilisateur, 
  • Opérations : acquisition, de données, volumétrie, type de données, extraction, anonymisation et bien sûr interopérabilité (avec 10 profils IHE impératifs, 5 importants, et 15 facultatifs),
  • Support et Administration (Outils d’administration, règle de conservation et d’accès de la donnée, …)
  • Echange, avec la liste des principales applications internes et externes avec lesquelles la VNA devra s’interfacer.  

S’agissant des  deux domaines techniques : 

  • Transition : descriptif de la stratégie de migration des données du PACS vers la VNA et d’opérations similaires réalisées
  • Technique : infrastructure de stockage, infrastructure applicative et politique de sécurité. 

Au total, 118 exigences ont été identifiées, assorties d’un statut de priorité selon la méthode MoSCoW (30 « Must have », 64 « Should Have », et 24 « Could have », les “Won’t have now but in the future” étant possibles dans les réponses des éditeurs). Toutes comptaient pour la note fonctionnelle et technique, mais seules les exigences « Must Have » étaient éliminatoires.

DSIH : Un périmètre clairement identifié certes, mais avec quels objectifs prioritaires ?

NR : Parmi l’ensemble des cibles, les HUG ont retenu 3 objectifs prioritaires : la capacité d’évoluer vers un stockage dans le cloud, fondé sur le protocole S3 (Simple Storage Service), les capacités de gestion du cycle de vie des données (ILM) par des référents utilisateurs plutôt que par le service informatique et enfin des critères forts  d’interopérabilité  permettant le déploiement d’outils métiers et de nouveaux usages cliniques au travers d’une intégration au SIH de l’institution

En clair, la modernité et l’évolutivité des protocoles de stockage, la délégation des tâches de gestion de l’archive et la capacité d’intégrations multiples et normalisées. 

DSIH : Parlez-nous de votre prise de décision ?  Comment s’est passé le choix de l’éditeur retenu ? sur quels critères objectifs ?

NR : Au terme d’un processus de recherche, de synchronisation et d’échange en amont de l’appel d’offre à la fois en interne aux HUG mais également avec les acteurs de l’industrie, puis dès la consultation lancée, à la suite  de deux auditions très denses (une de présentation par les éditeurs shortlistés), une de questions / réponses. 

Après remise des offres, un consensus s’est dégagé assez facilement en juillet 2020 sur la solution d’INFINITT, qui correspondait précisément aux attentes exprimées par l’institution.

A cet égard notre choix s’est porté sur l’éditeur offrant la plus grande autonomie et souplesse dans la gestion des connecteurs (OPEN API) ainsi que la richesse des outils métiers déployables (viewers spécialisés). 

Nous avons également été sensibles à la nature du transfert de compétence et les garanties de l’éditeur pour une l’autonomie renforcée dans l’administration de la solution par les HUG.

Il convient de préciser que le détail et la précision des réponses, à chaque fois illustrées de réalisations précises et documentées, nous a clairement permis de consolider cette convergence tout au long du processus de choix.

Enfin la visibilité donnée quant à l’organisation et aux méthodes de suivi de projet nous a permis de valider notre choix à l’unanimité.

DSIH : Dans une période fortement perturbée par la crise sanitaire, où en êtes-vous ?

NR : Nous avons depuis démarré très rapidement le projet, en raison notamment de l’échéance pour septembre 2021 relative à l’arrêt définitif du PACS historique des HUG. 

L’infrastructure est désormais prête pour le projet de migration, 250 To à migrer en 7 mois. Bien qu’ambitieux, cet objectif est néanmoins réaliste puisque notre éditeur partenaire INFINITT a mené très récemment une migration comparable au CHR de Metz en pleine crise du COVID.

Rendez-Vous donc à Genève en septembre prochain, au terme de cette migration, pour le grand démarrage de la prochaine phase. 

 


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