Ingénierie biomédicale : Enjeux technologiques et cybersécurité

18 oct. 2021 - 10:59,

Actualité

- DSIH
Le 25e Congrès de l’Association française des ingénieurs biomédicaux se tient du 18 au 20 octobre à Lyon, sur le thème « Parcours de soins, enjeux technologiques de demain », avec une place prépondérante accordée à la cybersécurité. Interview de Valérie Moreno, présidente de l’Afib.

Quelle a été votre priorité dans la gestion de la crise sanitaire ?

Comme tout le monde, nous avons été confrontés à cette crise sanitaire sans précédent. Pour les ingénieurs biomédicaux, le premier enjeu était la capacité à mettre à disposition le bon équipement, au bon endroit, avec le niveau d’entretien adéquat, le tout dans un environnement très tendu. L’Afib a répondu présente et a accompagné les ingénieurs biomédicaux dans cette gestion, notamment pour optimiser nos capacités à créer des lits de soins critiques en urgence.

Nous avons récemment été interrogés par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur les enseignements que nous tirions de la crise Covid. Nous avons émis des recommandations pour gagner en agilité en anticipant une potentielle crise sanitaire de cette ampleur et de cette nature.

Quelle est la place du numérique dans ce retour d’expérience ?

Contrairement aux téléconsultations, par exemple, il n’y a pas eu de grand bouleversement sur le plan numérique dans l’ingénierie biomédicale pendant ces événements. Les solutions les plus utilisées, comme l’intelligence artificielle pour l’interprétation des images radiologiques, avaient déjà fait leurs preuves et ont été efficaces lors de cette période.

L’enjeu numérique concernait finalement plutôt les inventaires. Au début de la crise, le premier appel de la DGOS que nous avons reçu consistait à savoir si nous disposions d’un inventaire national des respirateurs. Parmi les recommandations transmises à l’Igas, nous avons donc insisté sur l’importance de la GMAO. Les logiciels de gestion de maintenance assistée par ordinateur des services biomédicaux répertorient, inventorient tous les équipements, leur localisation et les interventions de maintenance qui leur sont associées. Pratiquement tous les services biomédicaux en sont équipés.

Ces inventaires ont été très précieux pendant la crise, mais chacun les tient dans son secteur, avec des logiciels différents. Nous avons donc proposé une réflexion sur une métabase de données qui pourrait interfacer les différents logiciels de GMAO, sans jamais oublier de les mettre en perspective avec l’appréciation du terrain et la capacité d’hospitalisation de chaque établissement.

Une autre conséquence de la crise a été le report de votre Congrès…

Oui, à deux reprises. Nous avons enfin pu le reprogrammer, toujours à Lyon, du 18 au 20 octobre. Nous allons faire de nombreux retours d’expérience, mais pas uniquement sur la Covid-19, en lien notamment avec la commission Ingénierie, architecture et biomédical.

Le numérique en santé – en premier lieu la cybersécurité – est au cœur de nos préoccupations. On observe une évolution de la réglementation et une prise de conscience sur la nécessité de prendre en compte la sécurité numérique dans la conception des équipements biomédicaux. Depuis deux ans, nous menons une réflexion poussée dans le cadre d’un groupe de travail sur la sécurité numérique des équipements biomédicaux, notamment avec Sandrine Roussel, ingénieur biomédical au CHU de Besançon et membre du conseil d’administration de l’Afib. À Lyon, nous allons revenir sur les recommandations que nous avons publiées en la matière en mars 2021.

Quelles sont ces recommandations ?

La première vise à introduire la sécurité numérique dans les procédures d’acquisition via un questionnaire standardisé portant sur les questions d’informatique et de sécurité numérique. La finalité est d’augmenter le niveau d’exigence demandé aux fournisseurs. Il s’agit de l’étape de la chaîne sur laquelle nous avons le plus de leviers. Dans notre domaine, il existe une grande diversité de sociétés en termes de taille et de maturité numérique. L’objectif est de généraliser l’utilisation d’un même questionnaire par tous, pour une meilleure visibilité des points de vigilance et pour faciliter le travail des fournisseurs. Nous voulons faire adopter ce questionnaire par les centrales d’achat public. C’est déjà le cas avec UniHA et bientôt, nous l’espérons, avec le Résah et l’Ugap.

La deuxième concerne les collaborations dans les établissements. Nous souhaitons poursuivre nos travaux en établissant des recommandations sur la ligne de partage entre biomédicaux et informaticiens, basée sur les retours d’expérience de différents établissements, avec, comme principaux enjeux, la définition du périmètre d’activité et ses modalités ainsi que l’identification et le suivi des logiciels.

La troisième est centrée sur la sécurité des équipements, axée notamment sur une cartographie et un bilan de criticité stricts, dont les critères sont détaillés dans la quatrième recommandation. Enfin, la dernière recommandation vise à permettre d’agir rapidement en cas de cyberattaque. Celle-ci se fonde sur les recommandations publiées par le ministère des Solidarités et de la Santé à la suite d’une alerte Mars (message d’alerte rapide sanitaire).

Plus d’informations sur le Congrès 2021 sur le site dédié.

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